Les voyages en avion
Pour les membres des communautés amérindiennes guyanaises macroqa et vaniVani, il est désormais devenu normal de prendre l’avion. Certes, c’est rarement pour s’adonner au tourisme (trop coûteux), parfois pour le travail (quand on leur propose autre chose que de s’agiter dans des spectacles de cabaret), mais le plus souvent pour certains boursiers afin d’aller suivre des études en métropole (principalement des études de droit, pour au retour, diplôme en poche, pouvoir défendre les leurs bafoués).
Ces voyageurs vivent toujours leur trajet avec angoisse. Ils ont beau savoir que les contes, mythes et légendes qu’on leur a racontés à l’enfance (récits qui remontent à leurs parents, et aux parents de leurs parents, et aux parents des parents de leurs parents, et même ainsi de suite par ordre antéchronologique, et ce, jusqu’au Commencement du Tout-Début), sont à reconsidérer face aux évidences apportées par les connaissances, la science, la technologie et le progrès : rien n’y fait. Ainsi, une légende commune aux deux tribus prétend que les enfants qui ont fait une bêtise, et même plus tard les adultes qui ont quelque chose à se reprocher (par exemple en rapport avec leur dossier pour les allocations) sont un jour avalés par un oiseau géant qui les garde dans son estomac (où ils ne peuvent même étendre les jambes et n’ont à manger que des nourritures petites, froides, molles et sans goût) avant d’être expulsés longtemps après dans un immense jet de fiente malodorante.
C’est pourquoi, lors de chaque voyage, même en se raisonnant, Macroqa et VaniVani qui prennent l’avion ne parviennent à s’apaiser avant l’atterrissage.
(Illustré avec l’IA Midjourney).